Voici une lettre ouverte qui s'adresse aux politiques locaux alsaciens dont la représentation s'étend au niveau national pour certains et que l'on a peu entendu sur le chantage exercé auprés des salariés du site GM de Strasbourg.
Pire encore, certains se sont félicité de la reprise du site pour l'euro symbolique pour GM au dépent des salariés qui eux, paient le prix fort en termes de recul social !
Connaîtrons-nous à nouveau, un jour, des élus qui auront véritablement le souci de représenter leurs concitoyens ?
Tout permet d'en douter comme le démontre le projet de loi sur les retraites que "nos élus" veulent faire passer en force !
Ci-dessous la lettre ouverte:
Union Départementale CGT du Bas-Rhin
Maison des Syndicats – 1, rue Sédillot – 67085 Strasbourg Cedex
: 03.88.36.18.85 – : 03.88.25.06.98 courriel:ud67@cgt.fr
Site Internet cgt67.com
Strasbourg, le 30 août 2010
Lettre ouverte aux personnalités politiques de la région Alsace
Madame, Monsieur,
Vous vous êtes félicité de la décision de reprise du site par la General Motors (GM). Nous
nous étonnons de votre soutien sans faille à la politique de la multinationale américaine. En
effet, nous n'avons trouvé dans vos déclarations publiques nulle trace de dénonciation de ce
chantage pour obtenir à tout prix un accord unanime. Nous n'avons pas plus lu de critique sur
ce pseudo référendum qui proposait des reculs sociaux inacceptables. Le fait que des
syndicalistes se soient retrouvés séquestrés dans leur local, agressés et menacés physiquement
ne semble pas non plus vous avoir ému outre mesure. Nous n'avons pas trouvé trace de votre
avis sur la politique industrielle de GM qui, pendant qu'elle pleurnichait pour obtenir des
baisses de coûts de production, rachetait AmeriCredit pour la modique somme de 3,5
milliards.
Au delà de la GM, il nous semble que ce qui est en jeu dans cette histoire c'est ni plus ni
moins que votre rôle de femme ou d'homme politique. C'est certainement parce que la
majorité de nos compatriotes ne comprend plus à quoi leur servent leurs élu(e)s qu'elle se
désintéresse autant de la politique et que nous battons malheureusement des records
d'abstentions à chaque échéance électorale. Qui servez vous, quels sont les intérêts que vous
défendez ?
Que l'on ne nous réponde pas "la défense des emplois", parce que depuis que nos élu(e)s sont
censé(e)s défendre nos emplois nous n'avons jamais été dans une telle situation au niveau du
chômage. D'une part, GM ne s'est engagée que jusqu'en 2012, et d'autre part, la multinationale
a aussi décidé de fermer l'usine Delphi le 30/11/2010 supprimant ainsi 330 emplois plongeant
autant de famille dans la misère.
Ce que nous dénonçons, c'est la confiscation du monde par les multinationales qui sont les
vraies détentrices du pouvoir. Temps et conditions de travail, alimentation, cadre de vie,
l'ensemble de nos vies sont maintenant régies par les grandes entreprises qui dictent leurs lois.
Pour nous défendre, que font nos représentant(e)s face au pouvoir économique ?
Dans le cas de la GM qui nous préoccupe, la condition posée en préalable par l'employeur est
inacceptable : il n'y avait pas besoin d'un accord unanime pour entériner un accord, la
signature de la CGT n'était pas nécessaire puisque nous ne pouvons pas contester l'accord, la
CGT n'étant pas majoritaire. Il s'agissait bien d'un diktat idéologique visant à briser
l'indépendance de la CGT.
En tant qu'élu de la République, nous nous attendions à ce que vous souteniez l'indépendance
et la démocratie auxquelles nous sommes attachés, chaque organisation syndicale doit rester
libre de donner son avis.
Sur le fond, les conditions du référendum sont ahurissantes : c'était soit, vous acceptiez tous
les reculs (gel des salaires, suppression de l'intéressement et de la RTT etc.) soit nous
fermions l'entreprise. Autant dire que les 70 % de oui étaient acquis d'avance. Là encore, nous
sommes consternés de ne pas vous avoir entendu dénoncer ce chantage. Combien de reculs
sociaux devront nous accepter pour que nos multinationales maintiennent nos emplois ?
Ce conflit a connu un pic extrêmement violent avec le blocage des délégués CGT le 23 juillet.
Ceux ci ont subi des agressions verbales mais aussi physiques de la part d'une minorité de
l'encadrement fortement encouragé par la direction. Là encore votre silence fut
assourdissant alors que dans le cadre sécuritaire actuel, la moindre agression déclenche
habituellement les rotomontades du personnel politique et même la visite expresse du
président de la République.
Enfin, nous nous étonnons de l'unanimité du personnel politique qui a salué la décision de
GM sans exprimer la moindre critique de leur politique industrielle. En effet, non seulement
cette multinationale a déjà fait le coup du référendum à Anvers (dont l'usine va fermer fin
2010 malgré les sacrifices des salariés), mais au même moment où elle exigeait des sacrifices
visant à faire baisser les coûts de production, elle rachetait AmeriCredit pour 3,5 milliards (en
cash). Ironie du sort, cette société est spécialisée dans les crédits baux automobiles pour les
"populations à risque" (sur le modèle des subprimes immobiliers).
La CGT de la G.M a fait des propositions alternatives et responsables afin de pérenniser le
site et le maintien de tous les emplois par un fond investissement de 250 millions d'euros
permettant la réalisation d'un nouveau projet.
La CGT interpelle depuis plusieurs années à tous les niveaux (UD, Comité Régional, CESA,
Confédération) les élus locaux, le Patronat et les Pouvoirs publics pour l'organisation urgente
d'une table ronde sur l'emploi industriel en Alsace. Cette demande est restée jusqu'à présent
lettre morte !
Le dossier de la GM illustre bien la faillite et la démission des politiques. Aujourd'hui, les
multinationales comme GM peuvent imposer leurs politiques en étant assurées au mieux de la
complaisance, au pire de l'inaction de l'ensemble de la représentation nationale. Privatisation,
déréglementation, précarisation ont été imposées avec le soutien des grands partis de
gouvernement. Qui a permis de privatiser, qui a supprimé l'autorisation administrative de
licenciement, qui a supprimé toute forme de contrainte pour les patrons ?
Nous comptons sur vous pour participer à nos côtés à la résistance contre la libéralisation et la
marchandisation du monde à commencer par votre présence le 7 septembre prochain dans les
rues de Strasbourg pour écouter les revendications de ceux que vous êtes censés représenter.
Aujourd'hui, la GM obtient gain de cause par le chantage social en réclamant le gel des
salaires. Demain, d'autres encore tenteront leurs "chances" à ce jeu de dupes. Resterez vous là
aussi sans réaction face à des exigences telles que le gel des salaires, le travail des enfants, la
suppression des arrêts maladies ou des congés payés, le licenciement de tous les seniors après
50 ans ?
Nous comptons sur vous pour travailler ensemble mais nous ne pouvons que déplorer votre
absence. Ainsi, lorsque nous avons invité l'ensemble des parlementaires pour un débat sur les
retraites la majorité quelle que soit la sensibilité ne vient pas et ne daigne même pas s'excuser.
Idem lorsque des syndicats de la CGT comme par exemple celui de la Poste s'adresse aux
maires pour défendre les bureaux, le personnel politique est bien souvent aux abonnés
absents.
La situation est dramatique car plus les multinationales étendent leurs pouvoirs plus le
pouvoir politique recule. On peut se demander si un jour, à force de ne pas jouer le rôle de
représentation du Peuple, il y a encore besoin de députés, de maires, de sénateurs ou de
conseillers généraux. Un quarteron de DRH de la Big Company qui administrerait la France
depuis un bureau à Wall Street serait suffisant.
Recevez Madame, Monsieur, nos salutations les meilleures.
Lettre ouverte approuvée par la réunion de rentrée de l'UD CGT 67 réunie le mardi 31 août à
Strasbourg.
Pour l’UD CGT du Bas-Rhin
Secrétaire Général
Jacky WAGNER
Pour l’USTM CGT
Secrétaire général
Gilles WEBER